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« La passion suspendue »

Entretiens avec Léopoldina Pallotta della Torre

de Marguerite Duras

Type
Entretiens et Interviews
Sujet
RéalisateurMarguerite Duras
Mots Clés
Marguerite Duras, écrivain, réalisateur
Année d'édition
2013
Editeur
Seuil
Collection
(hors collection)
Langue
français
Taille d'un livre de poche 11x18cmTaille relative de ce livreTaille d'un grand livre (29x22cm)
Taille du livre
Format
Broché • 187 pages • 17,00 €
13 x 18,5 cm
Egalement disponible en format eBook.
ISBN
978-2-02-109639-2
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Description de l'ouvrage :
«Pendant des années, j'ai eu une vie sociale et la facilité avec laquelle je rencontrais les gens ou je leur parlais se reflétait dans mes livres. Jusqu'à ce que je connaisse un homme, et peu à peu, toute cette mondanité a disparu. C'était un amour violent, très érotique, plus fort que moi, pour la première fois. J'ai même eu envie de me tuer, et ça a changé ma façon même de faire de la littérature : c'était comme de découvrir les vides, les trous que j'avais en moi, et de trouver le courage de les dire. La femme de Moderato Cantabile et celle de Hiroshima mon amour, c'était moi : exténuée par cette passion que, ne pouvant me confier par la parole, j'ai décidé d'écrire, presque avec froideur.» Entre 1987 et 1989, après le succès foudroyant de L'Amant qui fait d'elle un écrivain mondialement reconnu, Marguerite Duras se confie en toute liberté à une jeune journaliste italienne sur sa vie, son oeuvre, son obscurité, puis sa gloire, la politique, la passion. Ce dialogue, publié une seule fois en langue italienne, avait disparu, ignoré des admirateurs de Duras qui vont ici réentendre sa voix. Romancière, scénariste et dramaturge, Marguerite Duras (1914-1996) est née en Indochine où sa mère était institutrice. Venue étudier à Paris en 1931, elle commence à écrire pendant la guerre. En 1984, elle obtint le prix Goncourt avec L'Amant. Proche du mouvement du Nouveau Roman, elle laisse une oeuvre aussi considérable qu'originale.

Revue de Presse :
Des entretiens, l'auteur de l'Amant en a beaucoup donné dans sa vie. Ceux qu'elle accorde en 1987 à la journaliste italienne n'ont pas pour seule vertu d'être oubliés en Italie et inédits en français. Ils concentrent et permettent de mieux saisir en treize chapitres, par chronologie et par thèmes, une vie à l'oeuvre. Il est question de sa mère, de ses frères, de l'amant, de l'Indochine, du Parti communiste, de Mai 68, de ses films et du cinéma, du journalisme qu'elle pratique et de l'affaire Christine Villemin, des livres qu'elle aime, en particulier la Princesse de Clèves... Ces entretiens ne sont pas remarquables parce que Duras a raison ou tort, mais parce ce que tout ce qu'elle dit oblige à réagir, à penser. La vérité de sa parole n'est pas dans sa justice, mais dans le naturel si délicat de sa sauvagerie. (Philippe Lançon - Libération du 3 janvier 2013) Ces entretiens, qui parurent à l'époque en Italie, ne furent jamais réédités depuis et demeurèrent curieusement ignorés des éditeurs français. Marguerite s'y confie pourtant avec une sorte d'abandon tranquille, comme si elle avait pressenti que ses mots ne tomberaient jamais dans des oreilles françaises... Mais c'est surtout sur son enfance, sur sa famille et sur sa vie d'écriture que la grande romancière, avec cette lucidité exemplaire, cette intelligence impitoyable et cette puissance émotionnelle phénoménale dont ses livres sont chargés jusqu'à la gueule, se livre comme jamais. (Didier Jacob - Le Nouvel Observateur du 20 décembre 2012) Découverte d'un entretien inédit de Duras. De sa jeunesse toxique en Indochine à son crépuscule glorieux, en passant par les affres de la passion, le plus puissant moteur d'écriture... La Passion suspendue se délivre comme le récit exhaustif d'une vie, troué d'énoncés éblouissants sur l'écriture et le rôle de la littérature, qui est de «représenter l'interdit», qui «doit être scandaleuse», et Duras ne se prive pas pour balayer d'un revers de main tout ce qui ne participe pas, à ses yeux, de cet absolu. Tout le monde, et c'est l'un des charmes querelleurs du texte, en prend pour son grade. Pour la grande prêtresse des lettres françaises, les écrivains du Nouveau Roman sont «trop intellos», Yourcenar est devenue «illisible», pas mieux pour Lacan, ni le pauvre Sollers, «trop limité». Quant à Sartre, il «est la raison du si regrettable retard culturel et politique de la France». Quand Duras fait sa langue de vipère, fini l'angoisse de la page blanche. (Emily Barnett - Les Inrocks, janvier 2013) Où l'on retrouve le fameux ton durassien, traitant de sa jeunesse, de l'écriture, du cinéma, de théâtre, de Mai 68, de l'affaire Christine Villemin... On s'amuse de sa vanité d'"enfant terrible de la littérature", on s'offusque, on applaudit. (Marianne Payot - L'Express, janvier 2013) A la fin des années 1980, l'Italienne Leopoldina Pallotta della Torre s'entretient longuement avec l'auteur de " L'Amant ". Le livre paraît aujourd'hui en français... Peu à peu, Marguerite Duras abandonne sa méfiance, et une complicité s'établit entre les deux femmes, au fil d'une quinzaine d'après-midi échelonnés sur plusieurs mois... L'écrivain se montre souvent autoritaire, mais il suffit d'une évocation pour que sa jeunesse se réveille, que son sourire s'épanouisse. Au reste, la journaliste passe outre ses mouvements d'humeur. Elle la relance encore et encore. " Je l'ai poussée délicatement ", raconte Leopoldina Pallotta della Torre. Grâce à cette insistance, elle parvient à lui arracher non seulement des confessions sur son enfance, sa famille, mais aussi des réflexions sur la littérature, qui doit, forcément, dit-elle, être " scandaleuse ". Marguerite Duras relit les transcriptions réorganisées par thèmes. Elle ne modifiera quasiment rien au livre avant impression. " Elle était probablement surprise par elle-même. " C'est que, à la différence des journalistes s'attachant à un aspect précis de sa biographie ou de son oeuvre, Leopoldina Pallotta della Torre propose une synthèse balayant l'une et l'autre. (Macha Séry - Le Monde du 31 janvier 2013) Avec Marguerite Duras, au moins on ne s'ennuyait pas. Elle disait parfois - souvent, prétendent ses détracteurs - des choses extravagantes ou absurdes, mais il y avait aussi dans ses propos des réflexions et des observations profondes, originales ou de bon sens, qui savaient piquer l'attention de ses auditeurs ou de ses lecteurs. Et puis sa singulière, sa durassienne manière de s'exprimer. Patrick Rambaud en a été l'irrésistible pasticheur. Il y avait le parler Duras comme il y avait le parler Malraux. Comment le retrouver quand il s'agit de remettre en français des entretiens publiés en langue italienne ? C'est ce à quoi s'est employé, avec succès, René de Ceccatty, traducteur de La Passion suspendue, suite de conversations échelonnées de 1987 à 1989 entre l'écrivain français et la journaliste italienne Leopoldina Pallotta della Torre. "Je l'écoutais, écrit-elle dans son introduction, se souvenir, réfléchir, se laisser aller, abandonner peu à peu sa méfiance naturelle : égocentrique, vaniteuse, obstinée, volubile. Et tout de même capable, à certains moments, de douceurs et d'élans, de timidités, de rires retenus ou éclatants." (Bernard Pivot - Le Journal du Dimanche du 24 février 2013) Sans fard, et pourtant, Duras, à son habitude, ne fait, ne dit, ne livre que ce qu'elle veut... Face à Leopoldina Pallotta della Torre, elle évoque selon son bon vouloir ses thèmes fondateurs, l'enfance, sa famille, mais aussi bien sûr l'écriture et la littérature (étant rarement tendre avec ses pairs). Le livre passionne quand elle aborde la question de l'inspiration biographique de son oeuvre, évoquant la manière dont l'autobiographie s'intègre à la fiction, non dans sa réalité mais par le truchement de souvenirs, forcément subjectifs. (Sabine Audrerie - La Croix du 20 mars 2013)

Extrait :
Extrait de l'introduction

J'ai rencontré pour la première fois Marguerite Duras en 1987, peu après la sortie de la traduction italienne des Yeux bleus, cheveux noirs.
Obtenir cette interview pour La Stampa ne fut pas très facile.
Dès le départ, pour la convaincre, il a été nécessaire de l'appeler à plusieurs reprises et de parlementer. Elle semblait en proie à une indifférence lasse et, prétextant une grippe et se plaignant d'une surcharge de travail (je sus, plus tard, qu'il s'agissait du scénario de L'Amant), elle ne cessait de se dérober. Puis un après-midi, je lui parlai de mon amitié pour Inge Feltrinelli. Elle fut un moment désarçonnée. «Qu'elle m'appelle tout de suite», répliqua-t-elle. J'appelai Inge et la priai de joindre Duras. Une demi-heure plus tard, inexplicablement, j'obtenais mon rendez-vous.
Je me présentai rue Saint-Benoît avec un peu d'avance. Le palier du troisième était exigu et mal éclairé. Je sonnai, mais je dus attendre quelques minutes, avant qu'une voix masculine, derrière la porte (je pensai aussitôt à Yann Andréa, l'homme avec qui l'écrivain vivait depuis neuf ans), ne m'incite à aller prendre un café en bas de l'immeuble, dans le bistrot, et de ne pas remonter avant une demi-heure. Du fond de l'appartement, j'entendis la voix de Marguerite : elle prétendait qu'elle avait oublié ce rendez-vous pour notre entretien.
À l'heure dite, je la trouvai de dos, petite, très petite, assise comme toujours, dans sa chambre poussiéreuse, encombrée de papiers et d'objets, les coudes appuyés à son bureau.
Sans se soucier du tout de ce que je lui disais, elle me fixa en silence. Puis elle se mit à parler, adoptant avec la plus grande attention - en modulant les tonalités, les pauses - ce timbre extraordinaire qu'elle sait avoir. De temps à autre elle s'arrêtait, agacée, pour préciser ce que j'avais noté sur mon cahier. Et dès que le téléphone sonnait, elle retenait ma main pour l'immobiliser dans la sienne, pour m'empêcher de transcrire même une seule de ses paroles.
Pendant tout le temps (trois heures, peut-être plus) que je restai chez elle, elle ne cessa de sortir d'un tiroir de gros bonbons à la menthe et ne se décida à m'en offrir un qu'à la fin.
Elle accepta même, en dernier lieu, de se laisser photographier. Vêtue de son habituel «uniforme M. D.» - jupe évasée et courte, pull à col roulé, gilet noir, chaussures à semelles compensées -, elle se tourna, lentement, pour poser. Comme pour défier l'objectif, veillant à ce que ses yeux bleus soient cadrés, ainsi que les bagues précieuses dont ses doigts sont chargés.
Je lui demandai en m'en allant si je pouvais revenir. «Fais comme tu veux, dit-elle. Mais je n'ai pas beaucoup de temps.»
Je me penchai pour lui dire au revoir et elle m'embrassa.
Dès mon retour à Paris après l'été, je l'appelai. J'avais rapporté d'Italie, lui expliquai-je, un bon morceau de parmesan pour elle. Il était midi et Marguerite venait de se lever. «Bien, répondit-elle. Justement je n'avais rien à manger chez moi.»
Elle me proposa de passer dans quelques minutes. Mais cette fois non plus, ce n'est pas elle qui vint m'ouvrir. Quant au timide et diligent Yann, il se contenta de prendre dans mes mains mon lourd paquet et me referma la porte au nez aussi vite.
Je compris que je ne devais pas insister et je laissai passer quelques jours.
De longs après-midi de bavardages et de conversations suivirent, dans cette intimité complice qui, avec le temps (inévitablement, peut-être), s'établit entre deux femmes.

Voir le site internet de l'éditeur Seuil

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