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« Quelque chose d'écrit »

de Emanuele Trevi

Type
Roman
Sujet
ActeurLaura Betti
Mots Clés
Laura Betti, Pier Paolo Pasolini
Année d'édition
2013 (épuisé ou diffusion restreinte)
Editeur
Actes Sud
Collection
Un endroit où aller
Langue
français
Taille d'un livre de poche 11x18cmTaille relative de ce livreTaille d'un grand livre (29x22cm)
Taille du livre
Format
Broché • 337 pages • 23,50 €
10,5 x 19 cm
Egalement disponible en format eBook.
ISBN
978-2-330-02349-2
Appréciation
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Description de l'ouvrage :
L’histoire presque vraie d’une rencontre impossible avec Pier Paolo Pasolini à travers sa comédienne fétiche et “gardienne du temple”, Laura Betti. Un livre qui brouille magistralement les genres littéraires et propose une interprétation, aussi radicale qu’inattendue, de Pétrole.

Biographie de l'auteur :
Laura Betti et Pétrole : une de ces imprudentes réactions chimiques qui, dans les dessins animés, s'achèvent sur une explosion assourdissante, et le laboratoire en miettes. Pour l'aspirant écrivain que j'étais à l'époque, c'était un vrai sujet de méditation. Car la littérature, conçue comme une grande expérience sur les limites de l'humain, devrait toujours être cela : un détonateur, une catastrophe qui engendre, dans la vie, des changements irréversibles. Un facteur de déséquilibre. E.T. Emanuele Trevi est né en 1964. Il est le fils d'un psychanalyste jungien de renom, avec lequel il a cosigné un livre. Critique littéraire, il a publié des essais et un roman, chez Rizzoli, avant celui-ci. Qualcosa di scritto a été finaliste du prix Strega 2012. Il a reçu à Francfort, en 2012, le prix de littérature de l'Union européenne récompensant un "auteur émergent" et a été également récompensé par le prix Boccaccio.

Extrait :
Parmi les nombreuses, trop nombreuses personnes qui ont travaillé pour Laura Betti au Fonds Pier Paolo Pasolini de Rome, toutes munies d'un pittoresque bagage de souvenirs plus ou moins désagréables, je crois pouvoir me targuer, à défaut d'autre chose, d'une résistance supérieure à la moyenne. Non que j'eusse échappé le moins du monde aux vexations quotidiennes que la Folle (c'est ainsi que, en mon for intérieur, j'avais vite pris l'habitude de l'appeler), avec son imagination débordante, se sentait en devoir d'infliger à ses subordonnés. Je lui étais, au contraire, si irrémédiablement odieux (il n'y a pas d'autre mot) que j'arrivais à exciter toutes les cordes de son sadisme protéiforme : depuis l'invention, inépuisable, de sobriquets humiliants, jusqu'à la menace physique pure et simple. Chaque fois que j'entrais dans les locaux du Fonds situés dans un immeuble d'angle, sinistre et massif, de la piazza Cavour, non loin du fossé du château Saint-Ange, je sentais quasi physiquement cette hostilité animale, cette rage incontrôlable qui se mettait à darder, tels les éclairs des bandes dessinées, à travers ses grosses lunettes de soleil à monture carrée. Suivaient, aussitôt après, les formules de bienvenue. "Salut, petite pute, tu as enfin compris que le moment est venu de te casser le cul ? Tu crois peut-être que tu vas t'en tirer à si bon compte ? Mais moi, tu me rouleras pas dans la farine, petite pute mielleuse, tu fais pas le poids." Seule l'explosion d'un éclat de rire qui semblait provenir d'une caverne souterraine, et que rendait encore plus menaçant le contrepoint d'un son indescriptible, entre le barrissement et le hoquet, mettait fin à cette première rafale d'amabilités. Il était très rare que les avalanches d'offenses qui s'abattaient sur les malheureuses victimes se réfèrent à des concepts parfaitement sensés. En règle générale, d'ailleurs, la Folle détestait ce qui était parfaitement sensé, sous quelque forme que ce fût. Il n'était pas d'instrument humain qui, entre ses mains, ne se transformât en arme de destruction massive. Et le langage ne faisait pas exception à la règle. Ses tirades tournaient autour d'une épithète blessante, savourée avec volupté et inlassablement répétée, comme si, là, dans la pure formulation de l'insulte, résidait l'essence du propos. Si elle s'adressait à un homme, l'épithète était régulièrement au féminin. Même les personnes qu'elle aimait bien, et qu'elle estimait, devaient subir cette espèce de castration symbolique. C'est ainsi qu'Alberto Moravia, auquel elle était très attachée, devint, à un certain moment, "mémé", et cette étiquette lui resta. Toute la suite du propos, une fois l'offense prononcée, était improvisation pure et simple - une prison piranésienne de malveillance et de mépris, insoucieuse de la logique et de la syntaxe. "Petite pute" - dès les premiers jours, ce terme avait été la synthèse, la formule parfaite de ce que je lui inspirais. Nombreux et fulgurants, les adjectifs suivaient le substantif, tels des limiers sur les traces d'un renard. Petite pute mielleuse, sournoise, vaniteuse, menteuse, fasciste. Jésuite, assassine. Ambitieuse. Quant à moi, je n'avais pas encore trente ans, mais j'avais déjà parcouru à tâtons, tel le prisonnier d'Edgar Allan Poe, le périple des murs humides et sombres, comme il sied aux sous-sols, de mon propre caractère. (...)

Voir le site internet de l'éditeur Actes Sud

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Nota : Un livre sur fond légèrement grisé est un livre qui n'est plus actuellement édité ou qui peut être difficile à trouver en librairie. Le prix mentionné est celui de l'ouvrage à sa sortie, le prix sur le marché de l'occasion peut être très différent.

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