Mes monstres
Mémoires
de Dino Risi
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Description de l'ouvrage :
Qui ne connaît Dino Risi ? Auteur de films cultes comme Le Fanfaron (Il sorpasso) et Parfum de femme, qui immortalisèrent Vittorio Gassman, il fut le maître de ce genre que l'histoire du cinéma retiendra sous le nom de «comédie italienne». Dans cette confession autobiographique qui se place sous le signe des «Monstres» et des «Nouveaux Monstres», galerie de personnages de l'Italie de l'après-guerre cyniques, Risi se révèle être l'égal des Sordi, des Tognazzi, des Mastroianni et des Gassman qu'il mit en scène dans toute leur humanité, dans toute leur italianité. Des monstres d'égoïsme, certes, mais tellement humains, tellement vivants. On rencontre le Tout-Rome du cinéma dans ces pages, c'est-à-dire le monde entier, au cours de ces glorieuses décades que furent les années cinquante, soixante et soixante-dix. Acteurs et actrices, producteurs, cinéastes, les héros sont italiens, français, américains, suédois. Et le miracle a lieu. Tous ces personnages, comme leurs spectateurs, sont issus de tous les milieux et c'est pour cette raison que le public les a suivis : parce qu'il se reconnaissait dans ses héros, parce qu'il s'identifiait à eux. Drôle, émouvant, profond, léger, subtil, sensuel, Risi ne lasse jamais son lecteur : il lui fait comprendre, en grand narrateur, à quel point il lui est proche. Comme le poète, il s'adresse à lui avec ces mots : «Mon semblable, mon frère.» Dino Risi (1916-2008) a été de longues années durant une figure centrale du cinéma italien. Entre 1960 et la fin des années 1990, il collabore avec les plus grands, de Romy Schneider à Marcello Mastroianni et d'Ugo Tognazzi à Sophia Loren. Souvent nommé mais jamais récompensé au Festival de Cannes, il reçoit en 2002 un Lion d'or au Festival de Venise.
Revue de Presse :
Dans Mes monstres, le réalisateur italien, mort en 2008, raconte, grâce à des anecdotes, ses digressions et ses regrets. Des Mémoires en forme de conte... Ses souvenirs jouent à saute-mouton. Ils ressuscitent sur le clavier de son Olivetti Studio 46. Risi pensait ne pas survivre à l'an 2000. Il est parti en 2008, à 92 ans, a rédigé ces pages en 2004. On y découvrira son don de conteur, son goût de la digression, sa modestie et ses regrets... Des remords ? «J'aurais voulu être irrésistible comme Cary Grant, intelligent comme Einstein et j'aurais aimé danser comme Fred Astaire.» Au lieu de ça, il a fait rire l'Europe entière. L'humour continuait à rafler la mise : «L'unique gymnastique à laquelle je m'adonne, c'est de presser mon jus d'orange à la main.»... Nous vous avons tant aimé, Dino Risi. Ciao. (Eric Neuhoff - Le Figaro du 9 janvier 2014)
Extrait :
LE CHIEN DE BUCHENWALD
Le cinéma, c'est le plus beau métier du monde. Voilà ce que pensent tous ceux qui l'exercent (ou presque tous). Machinistes et électriciens compris. Pendant la guerre, Venanzio Barabini fut interné dans le camp d'extermination de Buchenwald. Il se lia d'amitié avec le chien-loup du commandant. Il entrait dans la guérite où était enfermé l'animal, jouait avec lui et se blottissait à ses côtés, en attendant qu'un sergent des SS vînt remplir sa gamelle, puis il partageait sa généreuse ration. Ce fut ainsi qu'il parvint à survivre.
De retour à Rome, après la guerre, il reprit quelques kilos. Le cinéma l'attira. Il était électricien et avec sa moustache de brigand, il plaisait aux dames. Il se maria, eut deux enfants. Une actrice française, Michèle Mercier, tomba amoureuse de lui.
Quand vint l'été de 1966, il n'avait pas de travail. Il reçut un coup de téléphone : «Tu es libre ? - Oui. -Tu as envie d'aller à Tahiti ? - C'est où ? - C'est très loin. Dans les mers du Sud.» Il partit six mois dans le plus bel archipel du monde, où il se fiança avec une de ces beautés couleur de miel qui passent des guirlandes de fleurs au cou des touristes. On l'arrêta pour bigamie. Il prit la fuite, rentra à Rome et fit deux autres enfants. Un jour, il reçut un autre coup de téléphone : «Tu es libre ? - Oui. -Tu parles chinois ? -Je me débrouille.» Six mois en Chine. Une équipe américaine tournait un documentaire sur la Grande Muraille. On leur tira dessus. Il faillit perdre une jambe.
Il rentra en Italie. Fit encore un enfant, le dernier. Il trouva du boulot chez Sgaravatti, comme jardinier. Il est mort il y a deux ans, du sida.
LE PETIT TRAIN DE MAUTHAUSEN
Le camp de concentration de Mauthausen, la nuit. Dans le baraquement numéro 11, les lumières s'allumèrent. Un sergent allemand appela un nom : Nocita, Gennaro. Il prononçait «Guénaro», avec un g dur. Gennaro Nocita descendit du «château», enfila ses chaussures et le suivit.
Dehors, la Mercedes du commandant du camp attendait. On y fit monter Gennaro. La voiture traversa silencieusement le village désert, plongé dans le sommeil. Pas une lumière ne filtrait des fenêtres fermées.
L'automobile s'immobilisa devant une maison de deux étages. Il était neuf heures du soir. La campagne était blanche, sous la neige. La demeure était celle du colonel Kurzen, commandant du camp de concentration et d'extermination de Mauthausen.
Une dame blonde d'une cinquantaine d'années, encore belle, vint ouvrir la porte. Elle parlait un peu l'italien. Elle pria Gennaro de bien vouloir entrer. Il aperçut au mur une vue de Venise. Il suivit la dame dans un petit salon.
Dans un fauteuil, sous un lampadaire, était assis le colonel Kurzen. Il lisait un journal allemand. Il ne leva pas les yeux de son article. Un peu plus loin, sur une table basse, Gennaro remarqua un arbre de Noël miniature dont les lumières s'allumaient et s'éteignaient. Sous l'arbre, une petite locomotive et trois wagons étaient arrêtés sur des rails. Dans la pénombre, Gennaro distingua deux jeunes enfants blonds, immobiles, le visage tourné contre le mur.
(...)
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Nota : Un livre sur fond légèrement grisé est un livre qui n'est plus actuellement édité ou qui peut être difficile à trouver en librairie. Le prix mentionné est celui de l'ouvrage à sa sortie, le prix sur le marché de l'occasion peut être très différent.