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« Hitler, un film d'Allemagne de Hans-Jürgen Syberberg »

de Rochelle Fack

Type
Etudes
Sujet
Un FilmHitler un film d'Allemagne
Mots Clés
Hans-Jürgen Syberberg, Allemagne
Année d'édition
2008
Editeur
Yellow Now
Collection
Côté films
Langue
français
Taille d'un livre de poche 11x18cmTaille relative de ce livreTaille d'un grand livre (29x22cm)
Taille du livre
Format
Broché • 110 pages • 12,70 €
12 x 17 cm
ISBN
978-2-87340-225-9
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Description de l'ouvrage :
Hitler, un film d'Allemagne, oeuvre incontournable, reste cependant difficilement analysable de par sa longueur, sa multitude de formes et de procédés. Sous le titre Show people, cet ouvrage développe un aspect encore jamais exploré : l'implication du personnage de Chariot dans la fiction de Syberberg, et les connivences dans la mise en scène de ce film avec ceux de Chaplin. La tentative de faire un «récit critique du dedans», pistant les métamorphoses que cette oeuvre fait subir à son spectateur - au contraire des analyses qui ont toujours rapporté l'expérience d'une projection après-coup -, donne un essai très personnel qui se confronte à la limite d'une écriture entraînée par le cinéma.

Biographie de l'auteur :
Rochelle Fack a publié deux romans aux éditions POL : les Gages (1998) et Ecartée (1999). Enseignante et critique, elle a notamment écrit pour les revues Trafic et amena, sur Fassbinder, Ferreri, Strass, Dwoskin et Syberberg. Ces deux derniers font l'objet de sa recherche universitaire.

Extrait :
La fiction ensorcelée

Mes voeux d'obscurité sont exaucés à la première image d'un film et le générique de début, me confiant les mouvements des plans, m'engage au rituel de la projection. Il me fait aussi entrevoir ma prochaine naissance, celle qu'entraînera l'issue de la séance, quand le générique de fin aura raréfié en moi l'action du cinéma pour me rendre aux lumières de la vie. Passerelles incontournables, garde-fous des hypersensibilités, les génériques n'en sont pas pour autant inoffensifs. Ils sont même redoutables, car ces exercices de style de la mention réduisent le langage au moins poétique et au moins rêveur : à l'énoncé. Qu'ils soient inscrits sur l'écran, dits, joués ou animés, ils informent sur la fabrication du film dans lequel ce qui est donné à saisir dépasse l'énoncé en exploitant une multitude d'affects, et déborde la mention. Engagement à une métamorphose de la fiction, puis raréfaction de cette fiction dans le réel de la salle de projection, Hitler, un film d'Allemagne (1977), de Hans-Jürgen Syberberg, est comme la convergence de deux longs génériques, de deux «énoncés ciné­matographiques», l'un aspirant - un ravissement -, l'autre exclusif - un dégagement. Deux génériques qui se heurtent au coeur du film pour un scandale où les spectres de l'Allemagne nazie exhument les théories du Troisième Reich.

La gageure du film est de faire jouer au spectateur pendant plus de sept heures le «Hitler qui est en lui», afin de faire le procès des traces que le dictateur a laissées, faute d'avoir été jugé, pour en faire le deuil : «Ainsi déliés des ressemblances dans la représentation des personnages et des événements, et hors les murs étroits de la soi-disant réalité, nous n'en sommes que plus libres de convoquer un tribunal qui statuera selon les lois de l'univers que nous aurons créé, pour enfin lui faire son procès - notre procès - à cet Hitler, par les moyens qui sont les nôtres.» Ce «film d'Allemagne», qui met Hitler en scène en tant que hantise, a pour dramaturgie le déroulement chronologique des faits, de l'élection du chancelier à son suicide. Il appelle le spectateur à venir sur scène au son d'archives de 1933 et le rend à lui-même aux refrains euphoriques de la Libération. Écrire sur le film pose de là une contradiction : la chronologie du Hitler doit être res­pectée pour que le travail du deuil se fasse, mais pour des raisons de précision, l'analyse nécessite d'interrompre le flux du film, de s'arrêter sur les scènes, de les revoir, ce qui revient à contrarier son mécanisme. Les phases de rédaction et le visionnage par extraits menacent alors l'engagement que l'oeuvre appelle de ses voeux, et écrire sur le Hitler donne le sentiment d'enfouir le film au lieu de l'éclairer, de le tenir en joue au lieu de le jouer, d'inverser le processus de deuil en rendant le verbe à la mélancolie que Syberberg entend lever. Pointe le danger que ne s'accomplisse pas ce que chaque vision intégrale du Hitler permet d'accomplir, la cicatrisation de la plaie qu'il ouvre et le retour à une croyance dans les mots, après leur réévaluation.

D'où l'écriture critique doit-elle s'exprimer ? Depuis la fiction interne au film ou depuis le souvenir de la séance une fois celle-ci terminée ? Qui peut-elle être face à l'apparente anarchie de l'esthétique du Hitler, sa logorrhée musicale et massive, sa voix intérieure si écrite ? Et quel pronom employer pour décrire la relation que l'oeuvre tisse à son public, relation qui se décuple et se tend, se relâche dans ses phases d'accalmie ?

Voir le site internet de l'éditeur Yellow Now

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