Fellini et Casanova
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Description de l'ouvrage :
À partir d'une étude approfondie des trois étapes principales de la réalisation du film Le Casanova de Fellini (adaptation du scénario, tournage et postproduction), Emmanuelle Meunier dégage de grands axes de réflexions autour de la relation conflictuelle qui unit deux mythes italiens celui de Casanova et celui de Fellini. Le Casanova de Fellini est la réécriture cinématographique des mémoires de Casanova, Histoire de ma vie, rédigés en français entre 1789 et 1798. Si le film, sorti en 1976, est bien connu, sa genèse particulièrement accidentée est longtemps restée dans l'ombre. En présentant les différentes étapes de sa construction, cet ouvrage invite à découvrir sous une perspective inédite cette œuvre mal comprise et souvent mal aimée. L'analyse de l'avant-film éclaire les choix d'écriture et de réalisation de Fellini et met en lumière les rapports conflictuels que le cinéaste entretient avec sa création ou, plus précisément, sa créature. Docteur en études italiennes et professeur en BTS, Emmanuelle Meunier a publié De l'écrit à l'écran. Trois techniques du récit : dialogue, narration, description (L'Harmattan, 2004) et participé à l'ouvrage collectif dirigé par Bernard Papin, Images du siècle des Lumières à la télévision. Construction d'une culture commune par la fiction (INA/De Boeck, 2010).
À propos de l'auteur :
Emmanuelle Meunier est chargée de cours en cinéma à la Sorbonne Nouvelle (université Paris III), et professeur à l'université Paris XI.
Extrait :
Extrait de l'introduction
EN 1974, la presse italienne devient le miroir de la genèse contrariée d'une grande production cinématographique réunissant deux héros nationaux, issus de sphères artistique et historique très différentes. L'un réalise le film, l'autre en est le sujet. L'un et l'autre jouissent d'une telle renommée qu'ils ont vu leurs patronymes s'adjectiviser ou se substantiver, enrichissant la langue de termes aujourd'hui usuels. L'un est Federico Fellini, l'autre Giacomo Casanova.
La rencontre des deux géants italiens suscite en elle-même impatience, curiosité, intérêt, et porte de nombreux fantasmes, étroitement liés à l'imagerie populaire conséquente qui entoure les deux hommes. Les producteurs américains du film Le Casanova de Fellini (Il Casanova di Fellini) voient ainsi topiquement dans cette adaptation l'occasion d'une rencontre économiquement très fructueuse entre le visionnaire réalisateur romagnol, de renommée européenne, et le non moins célèbre libertin vénitien. Ils imaginent déjà un tableau vivant, baroque, coloré et teinté d'érotisme, une fête féerique propre à faire rêver les spectateurs, à les plonger dans un siècle de plaisirs et de libertinage effrénés : «l'aspect savoureux de l'affaire», témoigne en effet Fellini, «c'était Casanova, Fellini, Venise, La Dolce Vita, c'est-à-dire un gigantesque spectacle, fastueux et festif, un hymne à la vie».
Mais l'idyllique association tourne en guerre larvée, et se révèle en fait l'un «des chocs les plus cruels de toute l'histoire du cinéma». La presse, à la sortie du film, se fait l'écho de cet affrontement, présentant même parfois les deux figures transalpines comme les deux adversaires d'un combat de catch ou d'un match de boxe. Chacun, dans son angle, voit décliner son état civil et ses atouts : «d'un côté Giovanni Giacomo Casanova (1725-1798), chevalier de Seingalt, vénitien [...], doué pour les langues (il en parle sept), les mathématiques, la chimie {...]... De l'autre côté Federico Fellini, 57 ans, originaire de Rimini, dessinateur, caricaturiste, journaliste et surtout cinéaste [...]». Et le journaliste de conclure, comme s'il avait assisté à une rencontre sportive, par le résultat du pugilat : «de ce véritable combat est né un film somptueux, un des plus coûteux de l'histoire du cinéma, qui a déjà suscité les passions les plus contradictoires».
En effet, il semble que «le film entier repose sur le conflit opposant son personnage à Fellini», sur cette brutale confrontation, chargée de l'incompréhension de deux univers apparemment irréductibles l'un à l'autre. Entre Casanova et Fellini se dresse, comme un lien inexorable, l'énorme autobiographie du libertin, l'Histoire de ma vie. D'emblée rejeté par Fellini, le texte sera ensuite malmené, écartelé, rageusement réécrit. Pourquoi l'association fructueuse tant rêvée par les producteurs a-t-elle fait place à un affrontement de chaque instant ? Examiner la nature même des protagonistes du duel et du travail qui les unit permet, dans un premier temps, d'éclairer les circonstances de ce singulier face-à-face.
Voir le site internet de l'éditeur Presses universitaires de Vincennes
> Du même auteur :
De l'écrit à l'écran (2004)
Trois techniques du récit: dialogue, narration, description
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